Le Black Sheep des transports Bouyat – « Trucking Style »

Le Black Sheep des transports Bouyat – « Trucking Style »

6 avril 2022 0 Par Polytrucks

SCANIA S580 V8 – LE BLACK SHEEP DEBARQUE CHEZ LES TRANSPORTS BOUYAT

Article entièrement retranscrit, issu de magazine Trucking Style.

Trucking Style N°27 – Août/Septembre

Tout commence dans un charmant village du nom de Noyant-de-Touraine, perdu dans une campagne chantante. Encore dans le brouillard du réveil, je m’arrête de faire le plein de caféine dans un petit café nommé « le mille-pattes ». Les gens d’ici, voueraient-ils un cultes aux insectes? ils doivent être sacrément gros, quand on voit le nombre de camions équipés de pare-buffles dans les environs. Je reprends ma route en direction de Saint-Epain, et me surprends à admirer le paysage. Des ces champs, quasiment prêts à être moissonnés, trône, sur un petit relief, un hangar agricole identique à tant d’autres. En me rapprochant, rien me laissait présager que je tomberais nez à nez avec l’un des plus beaux ensembles de l’année 2019. Autour de lui, de nombreuses personnes s’activent.

Je me dirige vers Pierre, qui fixe avec une précision millimétrique de petite plaques rouges et noires, sur laquelle on peut lire Polytrucks. Je lui demande :

Polytrucks, c’est quoi?

Créée en 2014, la société est directement tournée vers le monde du poids lourd. Grâce à nos techniciens forts de plus de 10 ans d’expérience dans le domaine du polyester, notre petite entreprise a décidé de lancer une gamme d’accessoires de carrosserie dédiée à la personnalisation de camions.

Que proposez-vous à vos clients?

Notre catalogue compte à ce jour le plus grand nombre de références fabriquées par rapport à nos confrères à travers l’Europe. Notre gamme s’étend principalement vers des produits tels que les visières pare-soleil (ou casquette) en polyester.

Mais nous proposons aussi des produits tels que pare-chocs arrière, les carénages, les spoilers (ou rajout de

pare-chocs), des paupières de phares, des potences (ou supports de flexibles), des recouvrements de châssis, ou encore des pièces créées entièrement sur mesure à la demande de nos clients les plus fidèles.

Tous nos constructeurs confondus?

Notre catalogue fournit à ce jour des produits pour les marques : Scania, Volvo Trucks, Daf et Renault Trucks. Nous avons tout de même la ferme attention de continuer à élargir notre éventail afin de proposer une gamme de produits aux marques : Man Trucks, Iveco et Mercedes-Benz.

As-tu rapidement pris tes repères dans le monde du camion custom?

En 2015, à peine un an après sa création, Polytrucks commence à s’implanter sur le marché européen en travaillant avec un vaste réseau de distributeurs. Notre notoriété prend rapidement de l’ampleur conséquente à travers les pays nordiques tels que la Suède, la Norvège et le Danemark, qui disposent d’une communauté de chauffeurs poids lourds très vaste et très gourmande de nos accessoires « made in France ». Notre réseau de distributeurs s’étend rapidement des mois qui suivent à travers d’autres pays Européens comme la Belgique, les Pays-Bas, l’Angleterre, L’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, l’Italie, l’Espagne et le Portugal.

Jusqu’en 2016, vous ne vendiez que par correspondance. Pourquoi avoir ouvert une boutique?

L’année 2016, fut marquée par de grandes décisions au sein de Polytrucks, notamment par l’ouverture d’un magasin de ventes d’accessoires entièrement dédiés à la personnalisation intérieure et extérieure des camions. En partenariat avec des entreprises de grande renommée connus pour la qualité de leurs produits et services, il remporte rapidement un grand succès. L’emplacement clé de notre magasin d’accessoires situé en bordure de l’autoroute A10, à 200 mètres à peine de la sortie 25 (Sainte-Maure-de-Touraine), disposant d’un parking poids lourds à peine à 50 mètres, en fait rapidement un lieu incontournable pour notre clientèle Française et Internationale.

Qu’y trouve-t-on?

De l’intérieur sur mesure à l’éclairage, en passant par une vaste gamme de produits inox, ou les produits d’entretien et les consommables, notre magasin sait répondre à la majorité des demandes de nos clients.

Tu disais que 2016 avait été marquée par de grandes décisions?

Oui, cette année fut aussi marquée par la décision de recevoir des véhicules directement dans nos ateliers afin de réaliser des produits sur-mesure adaptés aux véhicules, tout en répondant aux exigences de nos clients.

A ce jour, nos équipes ont travaillé sur plus de 25 véhicules sur place. Allant de la réalisation d’une visière pare-soleil unique, ou fabrication sur-mesure d’un pare-choc arrière spécifique, ou encore la réalisation sur-mesure de carénages latéraux, en passant par des recouvrements complets de châssis, nos équipes ont su allier savoir-faire et personnalisation pour répondre aux demandes de nos clients.

Le pari a fonctionné?

Oui! Si bien qu’en 2017 nos équipes s’agrandissent pour répondre à un carnet de commandes toujours bien rempli, notamment pour notre clientèle européenne. Ce fut également l’année où les constructeurs ont stoppé la production de certains modèles de tracteurs, lançant ainsi les nouveaux modèles sur le marché, demandant de nouvelles gammes d’accessoires à développer.

Quelles sont tes ambitions au moment présent?

L’année 2019 se montre tout aussi chargée pour Polytrucks, qui continue sa progression à l’échelle internationale, aussi bien dans l’étude et la conception de produits uniques et exclusifs pour certains de nos distributeurs, que par notre volonté d’être plus présents, cette année encore, sur les rassemblements de camions décorés afin de vous rencontrer directement auprès de vos machines les plus folles !

Peux-tu nous conter la « longue » histoire de cette préparation?

Nous avons commencé à travailler sur la partie théorique du projet. Il y a environ un an, Sébastien m’a contacté pour me présenter ses idées et me faire part de ses attentes. Il savait déjà ce qu’il voulait mais ne trouvait personne pour y répondre. Au fil du temps, nous avons modifié et ajusté les détails et le projet se concrétisait petit à petit. Puis, fin avril, le tracteur est arrivé dans la cour. A partir de cet instant, la partie commençait, il fallait transformer tout ce que nous avions imaginé en quelque chose de réel!

Combien de temps de travail pour en arriver là?

Un peu plus de 300 heures, réparties sur sept semaines, plus une centaines d’heures en carrosserie rien que pour la préparation des pièces et la peinture.

Peux-tu nous faire une liste des équipements, améliorations, etc, apportés au tracteur?

  • Partie arrière :
    • kit pare-choc arrière, bavettes, feux doublés ;
    • châssis / dos de cabine ;
    • carénages latéraux avec feux de visières encastrés ;
    • tôle d’habillage de châssis ;
    • potence avec intégration des prise et feux ;
    • cache suspension de cabine avec intégration de deux feux ;
    • fermeture du déflecteur de toit avec intégration des feux et haut parleurs ;
    • éclairage sous châssis rouge couplé à un module flash/Strobo.

Pour info, toutes les pièces listées pour les parties Arrière, châssis et Dos de cabine ont été créées sur mesures spécialement pour le projet.

Voilà pour « ma partie ». Je précise que tout cela a été effectué dans mon atelier et j’ai réalisé 90% de ces travaux seul, puisqu’à la base, nous ne sommes pas des « préparateurs » mais des fabricants d’éléments de carrosserie.

Cette préparation était pour moi un défi à relever et aussi une envie de montrer ce qu’une petite boite comme la mienne est capable de faire.

Pour la parte intérieure du tracteur je n’ai rien fait de spécial, hormis deux jours complets pour démonter l’intérieur d’origine, et remonter les parties retravaillées par Seb et sa femme.

Est-ce ton plus gros projet depuis les débuts de Polytrucks ?

Clairement oui. C’est la première fois que nous traitons un projet de A à Z, de la livraison du véhicule neuf sorti d’usine jusqu’à la livraison clés en main. Dans la plupart des cas, nous sommes sollicités uniquement pour la partie polyester, fabrication de carénages, pare-choc, couvre châssis sur mesure. Les parties peinture et électricité sont, quant à elles, gérées par les garages.

Le Made in France, c’est important pour toi?

C’est très important oui! Parce qu’au delà du « Made in France » on parle d’artisanat et de savoir-faire. Tout nos pièces sont fabriquées à la main, il n’y a aucune machine de production dans notre atelier. De la conception à la production tout est manuel et je tiens à garder cette méthode de fabrication car, pour nous, c’est ce qui fait l’authenticité de nos produits.

Suis-je tombé sur une secte, tant cette personne semble aimer les camions? Je continue mon enquête, et m’adresse à Renaud Le Dorze, gérant de la société LR Carrosserie, qui assiste Pierre dans ses dernières retouches.

Bonjour Renaud. Peux-tu me dire quel travail tu as effectué sur ce camion?

LR Carrosserie était en charge de la peinture de tous les accessoires et pièces que la société Polytrucks a fabriqué. Pare-chocs arrière, casquette, carénages des côtés, lame sous le pare-chox avant, calandre, pare-buffle, plaque de châssis, rétros… et tous les petits accessoires comme les Bonhommes Michelin et tout ceux qui sont derrière la cabine… La quasi-totalité des pièces ont été faites en deux couleurs… Pour la plupart, c’est du travail de masquage avant peinture, il n’y a que le pare-buffle qui était en dégradé.

Avez-vous l’habitude de travailler sur des pièces si grosses?

Pour nous c’est la première fois que nous travaillions sur un projet aussi complet. Jusqu’à présent, nous n’avions quasiment peint que des casquettes et quelques pièces au détail que Pierre nous amène régulièrement…

Ca vous a pris du temps?

Nous avons passé quasiment 50 heures juste sur la partie peinture !

Nul doute… Je suis tombé sur un nid d’adorateurs de beaux camions. Et celui qui semble totalement aliéné par cette masse de carrosserie noire et rouge, c’est Sébastien qui son temps à caresser son camion. Cette pratique a-t’elle un nom? Scaniaphilie? Camionphilie? Quoi qu’il en soit, cela fait plusieurs dizaines de minutes qu’il s’affaire à nettoyer chaque facette du véhicule, chaque accessoire, pour éliminer la poussière des derniers jours et les rendre étincelants. Je prends mon courage à deux mains et débute mon investigation.

Qui es-tu?

Je suis Sébastien Ray, j’ai 35 ans. chauffeur routier depuis 2008, j’ai roulé en Volvo camion remorque, avec de l’Iveco, du Daf et du Scania. Mon préféré aujourd’hui, c’est mon tracteur actuel, un confort énorme tout en ayant la puissance du V8.

Tu es donc le chauffeur de ce monstre d’acier! Ca te fait quoi de rouler dans un camion comme celui-ci?

Rouler dans un camion tuné ou décoré ne change rien au métier si ce n’est qu’il faille redoubler de vigilance pour éviter la casse. Mais voir les clients avec les yeux plein d’étoiles quand j’arrive chez eux, me motive encore plus dans mon travail.

As-tu présenté tes camions à des salons?

Oui, j’ai participé à quelques expos en 2018 avec mon ancien tracteur. J’ai commencé avec Nogaro, ensuite Magny-Cours, Saint-Junien… J’ai hâte de présenter celui-ci!

(Depuis l’article, le Black Sheep a participé à sa première expo à Nogaro où il a obtenu le 1er prix dans la catégorie ensembles décorés).

Tu dois avoir de beaux souvenir depuis tout ce temps sur les routes?

Je n’ai pas vraiment de « beaux » souvenirs précis, mais surtout un sentiment de vécu pendant ces onze années derrière mon volant. J’ai également connu des galères, comme la fois où mon pneu avant droit a éclaté en roulant. Très grosse frayeur, mais aucun dégât, si ce n’est quelques morceaux de plastiques cassés.

Tu parles de redoubler de vigilance pour éviter la casse… J’imagine qu’être au commande d’un tel ensemble, une grosse dépense pour ton patron, mais avant tout une partie de l’histoire de sa société… Ce doit être un peu stressant?

En effet, c’est un très grosse responsabilité de rouler au volant de cet ensemble, mais tout une grande fierté. Merci à mes patrons pour toute la confiance qu’ils ont en moi, mais aussi pour avoir réalisé un de mes plus grands rêves.

Un monde particulier! Ta compagne partage-t-elle cette passion?

Et bien justement, je souhaiterais adresser un remerciement tout particulier pour ma compagne, Karen, qui a travaillé dur pour confectionner l’intérieur de la cabine en capiton. Une réalisation créée de nos propres mains. Elle n’est pas tout à fait finie, j’ai encore tout à peindre à l’intérieur, tableau de bord, panneaux de portes etc… Tout va y passer ! Encore merci à ma chérie pour son travail, sa patience et surtout le fait de partager tout ça avec moi.

Au fait, pourquoi « Black Sheep »?

Hervé, le papa de Guillaume, mon grand patron, a toujours appelé ce camion le « mouton noir » car notre flotte est composée de véhicules blancs. En a découlé « Black Sheep »!

A quelques mètres de là, une remorque est stationnée. Noire et totalement décorée, j’y découvre une signature : A. Pluquet, et un numéro de téléphone. Peut-être pourra-t-il me donner plus d’informations.

Ci-dessus, la maquette numérique d’Alain Pluquet. Ci dessous, la version réelle !

Alain, peux-tu te présenter?

J’ai débuté l’aérographe à 14 ans en préparant un CAP de maquettiste en publicité à Nancy. Je possède des diplômes dans des domaines qui rejoignent la sérigraphie et la peinture auto et des études supérieures d’art. Formateur agréé j’ai dispensé des cours dans les années 90 et suivi des stages informatiques pour la conception graphique, la communication et web. A 60 ans, je suis un des plus vieux à exercer en France avec Pascal Kerziak et je ne compte pas prendre ma retraite; Je laisse ça aux vieux! (rires). Dans les années 80, j’ai passé mes permis C1 et roulé en benne pour participer à la réalisation de l’autoroute qui passe à Epinal alors qu’un certain Thierry Gremillet débutait son activité. Je suis arrivé dans les Landes début 90 et commencé les décors sur camions, moto tuning, Harley et autres. Mais la publicité restait ma principale activité. Aujourd’hui, je ne me consacre plus qu’aux camions. J’ai la chance de pouvoir en faire mon travail à la carrosserie Raffy à Castets. L’ensemble du personnel est super sympa avec moi, en particulier Alberto, le patron car, sans sa gentillesse, je n’aurai pas pu reprendre cette activité en 2014.

Comment fonctionnes-tu?

On me contacte, si possible bien avant la commande du véhicule. Les camions arrivent sur RDV, évitant ainsi des temps d’attente surtout pour les professionnels. De plus, j’aime faire connaissance et préparer tranquillement les projets et devis. Pour la partie aérographe les devis sont établis selon la complexité et la superficie ou élément de carrosserie. La teinte rentre dans les options (les métalliques, nacrés, Candy…). La décoration et le thème sont choisis en commun, avec mes conseils. Je réalise ensuite des maquettes qui permettent d’avoir une idée du résultat final. Je travaille seul sur ces projets, de la conception jusqu’à la réalisation, sauf vernis réalisé en cabine. C’est dans un style personnel que je me démarque en exécutant mes décors le plus souvent à main levée pour un effet plus doux et photographique. Mais, comme d’autres, j’évolue sur plus de détails et structure de peau, portraits et autres, ce qui demande plus de temps.

Plus qu’un métier, un art de vivre?

quand j’ai l’aéro dans les mains, je ne peux plus m’arrêter. C’est magique. J’ai l’impression que je pourrai faire n’importe quoi. A la longue, j’ai augmenté en rapidité mais surtout en qualité. J’ai réalisé en un mois les douze portraits du dernier tracteur des Transports Damien.

J’ai l’esprit de compétition et suis motivé pour faire toujours mieux, notamment pour l’ensemble de Transports Bouyat.

Comment s’est passé cette aventure avec eux?

Ils m’avaient contacté début 2018 avec un projet bien déterminé. Leur thème sur 125 ans de transports était intéressant. La grosse difficulté était le manque de documentation ou en très mauvais état, surtout les photos de famille.

J’ai rencontré Guillaume Bouyat en descendant du Mans pour trouver un terrain d’entente entre la superficie, les époques, les véhicules et monuments de St Junien. J’ai réalisé plusieurs maquettes pour finaliser début janvier à la veille de recevoir la semi. Le budget étant fixé, j’ai proposé de faire une transition avec des bandes et textes sur le tracteur pour avoir un ensemble cohérent, pouvant évoluer.

En combien de temps as-tu réalisé cette oeuvre?

Environ un mois et demi pour la réalisation et beaucoup d’émotion lorsque cet ensemble a quitté la carrosserie.

Comment travailles-tu? Quelle est ta signature artistique?

Il faut savoir que les décorateurs utilisent des aérographes de marques différentes. Celui-ci n’est qu’un outil au même titre qu’un pinceau ou un crayon. Certes, technique et maîtrise sont très utiles mais les connaissances en dessin et photos, ainsi qu’un peu d’imagination, sont très intéressantes pour le résultat final. j’ai été très inspiré à une époque par des décorateurs tel que Ferrero et Chrysalide qui effectuaient un travail soigné, aux finitions remarquables. Je dois malheureusement constater que la relève n’est pas au rendez-vous. Nous ne sommes que trois ou quatre à faire du bon boulot, et sûrement au même tarif que d’autres! Je me tourne aussi vers le numérique. Ce n’est pas artistique mais il faut bien vivre avec son temps et ça correspond aussi à mes loisirs, car je restaure des voitures anciennes et réalise des marquages à la demande. D’ailleurs, j’ai un catalogue sur mon site web. Je regrette tellement l’époque où je découpais des revues de cinéma pour préparer mes maquettes des clients… J’aimerais continuer le plus longtemps possible cette passion pour l’aéro et des camions, en espérant toujours plaire et surprendre.

Et moi, que dois-je faire? Appeler Evelyne Thomas, et lui proposer ce sujet tellement atypique pour une future émission « C’est ma vie – J’aime les camions! » Ou à Frédéric Lopez, pour qu’il vienne à la rencontre de cette communauté bizarre? En fin de compte, je décide de jouer les anthropologues et d’étudier un peu plus ces étranges mais attachants personnages.

Une voiture nous rejoint. Lorsque la poussière qu’elle soulève vient se coller à la rutilante carrosserie, les regards accusateurs de Pierre, Renaud et Sébastien sont éloquents !

Qui vient salir le Scania chouchouté depuis des heures? Visiblement, il s’agit de membres du culte, puisqu’à peine débarqués, ils se jettent sur leur appareil photo pour mitrailler le véhicule… Il s’agit de Guillaume et Vincent Bouyat, cogérants de la société du même nom et fils d’Hervé. Ils sont accompagnés de Karen, la femme de Sébastien, qui ne perd pas une seconde pour empoigner le jet d’eau et participer au nettoyage du camion.

Guillaume, pourriez-vous expliquer les origines des Transports Bouyat? que représentent les peintures de la remorque?

Mr André Bouyat fut le 1er entrepreneur de notre famille à s’installer à son compte à la fin du XIXè siècle. Il vendait des minerais et matières premières telles que le charbon, sur la commune de Saint-Junien en Haute-Vienne, aux particuliers et quelques professionnels de l’époque. C’est en 1895 qu’il décida d’établir un service de livraison à ses clients, à l’aide de tombereaux tirés par quatre chevaux. Il devint alors charretier. Il confia en héritage à son petit-fils André, qui portera fièrement pendant 95 ans le même prénom, sa toute première facture originale en tant que livreur de sa marchandise, datée de Mars 1895. C’est cette facture qu’il nous a prêtée pour numérisation en 2019, et qui a été peinte sur les portes à l’arrière de notre semi-remorque.

C’est en Mars 1923 qu’Emile Bouyat, le fils du fondateur, reprend l’affaire et marque son arrivée à la tête de l’entreprise par l’achat d’un premier camion à essence de marque Packard.

Jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, trois poids lourds et quelques tombereaux assureront les transports des mégisseries et lanières de Saint-Junien. Le portrait D’Emile est peint sur le côté gauche de la semi-remorque.

En 1938, Emile décède et c’est sa femme, Lucie, qui poursuit l’activité avec quatre enfants à charge.

Après-guerre, l’entreprise prend une nouvelle dimension en axant ses activités de livraisons au départ de la gare de Saint-Junien. Ainsi, chaque jour, l’entreprise charge de la manutention et la re-livraison des trains entiers de charbon, ainsi que les transports de bois pour les Tanins Rey à Saillat (aujourd’hui International Paper). Le portrait de Lucie est peint sur le côté droit de la semi-remorque, ainsi que la gare de St-Junien et le camion qui assurait les déchargements de wagons de charbon.

En 1958, les petits enfants du fondateur, André et Jean-Jacques, s’associent. Ils poursuivent les activités avec la gare de St-Junien et augmentent le volume de transport avec les papeteries et cartonneries locales. Le camions de Jean-Jacques de l’époque est peint à la gauche de Lucie.

En 1972, la société est dissoute et chacun crée sa propre entité.

Les chemins des deux entreprises sont quasi-identiques et proposent leurs services aux papeteries, cartonneries, mégisseries et lainières de la région afin de desservir les régions voisines, le Nord de la France, mais aussi l’Allemagne et l’Italie.

Les mégisseries (tannage des peaux d’ovins et de caprins), ainsi que le camion chargé de laines, sont peints sur le côté gauche de la semi-remorque.

Puis, Jean-Jacques devra sérieusement réduire le volume de travail, donc le nombre de véhicules, pour cause de santé, et finalement céder sa place prématurément en octobre 1989 à son fils Hervé Bouyat. Ainsi, l’arrière-petit-fils du fondateur reprenait l’entreprise avec deux véhicules.

En 1993, l’entreprise déménage en Charente, à Etagnac, après avoir passé plus d’un siècle à Saint-Junien, afin de se doter d’un entrepôt de 2000m2. Les Transport Bouyat, toujours dirigé par Hervé, désormais accompagné par ses fils Guillaume et Vincent, forts de leurs 125 ans d’histoire, animés par la même passion, sont aujourd’hui prestataires de services dans les domaines du Transport, de la Logistique et de la Location de véhicules industriels.

Aujourd’hui, l’équipe est composée de 60 personnes, en qualité de conducteurs routiers,

magasiniers caristes, gestionnaires de stocks, responsables d’exploitations, et administratifs. Nos conducteurs parcourent la France au volant d’une trentaine d’ensembles routiers Tautliner et Fons Mouvants, de dernière génération. Nos caristes travaillent dans les 22500m2 d’entrepôts avec une vingtaine de chariots élévateurs Fenwick très récents. Nous sommes principalement actifs dans les domaines du bois, papier, carton, et nutrition animale.

Cet ensemble, décoré et préparé, est un hommage aux ancêtres qui se sont succédés à la tête de l’entreprise,

et une célébration des 125 ans qui auront lieu en 2020. Nous le voulions noir pour raconter notre histoire familiale en noir et blanc, avec quelques touches de rouge pour rappeler les camions de nos ancêtres. Nous tenions à ce qu’il soit suffisamment agressif pour être remarqué et monter la puissance des entreprises françaises, mais sobre à la fois pour rester cohérent avec nos autres véhicules.

Nous voulons également remercier et rendre un immense hommage à l’artiste Alain Pluquet (situé dans les Landes), choisi pour la qualité de réalisation de précédentes œuvres, et qui a sublimé 125 ans d’histoire, sur la carrosserie de notre semi-remorque, à travers son aérographe.

Vous l’aurez compris, tout ceci n’est qu’une petite mise en scène imaginée pour mettre en avant cette séance incroyable. J’en profite pour remercier Pierre, qui nous a organisé tout ceci aux petits oignons, Sébastien et Guillaume, qui ont tout fait pour me faciliter la tâche, à Alain et Renaud, qui ont gentiment accepté de répondre à mes questions.

A vous tous merci ! En espérant que cet article, qui doit avoir battu les records du nombre de pages pour un seul véhicule, soit à l’hauteur de votre ensemble.

Jonathan